« J’étais possédé par la passion d’écrire des notes qui me permettraient plus tard (je le pensais déjà) de reconstruire l’histoire inouïe de la région de Zamosc et de la Pologne. »
Médecin et directeur d’hôpital dans une petite ville de l’est du pays en 1939, Zygmunt Klukowski rapporte au jour le jour, « les dents et les poings serrés », ce qu’il a vu du génocide des Juifs, perpétré sous les yeux de tous. Il dit comment ils furent discriminés, expropriés, humiliés, battus, puis déportés vers un centre de mise à mort quand ils n’étaient pas assassinés sur-le-champ. Au fil des lignes s’étire ce long martyre protéiforme perpétré par l’occupant allemand et ses complices, commis dans l’indifférence, voire applaudi sinon encouragé par une partie de la population chrétienne.
Mais Klukowski témoigne aussi de la féroce répression allemande à l’encontre des Polonais non juifs, du pillage de leurs biens, de l’enlèvement de leurs jeunes enfants envoyés dans le Reich pour y être « aryanisés », de la déportation des adultes pour le travail forcé, du massacre de leurs élites.
Ce notable respecté, loin de rester spectateur de l’assassinat ou de la déportation de ses amis, entre dès le début de la guerre en contact avec les réseaux de l’Armée de l’Intérieur qui nourrissent les maquis. En 1944-1945, il assiste, impuissant et désespéré, à l’occupation du pays par les Soviétiques. Il témoignera, en 1947, au procès de Nuremberg.
Acte de résistance et document historique majeur, ce journal, après ses éditions polonaise et anglaise, est pour la première fois publié en France.