« Regardez bien la photo de classe. Le grand à gauche, c’est Frank Assana. Il aime bien calotter les sixièmes dans le couloir. Celui à droite qui regarde méchamment, c’est Boubakar. Il ne finira pas l’année scolaire. La jeune fille au centre s’appelle Lolita. Lolita Garibaldi, une boule à facettes à elle seule. Sourire fuchsia, chignon laqué L’Oréal, pendeloques à tous les étages dont le plic ploc incessant, en cours, signale que mademoiselle s’est enfin mise à écrire. À côté de Paul qui tient l’ardoise de la troisième E, il y a Cyril. Il sourit, comme toujours. Mohammed, lui, ne sourit pas ; il ne peut pas sourire parce qu’il n’a plus de dents. »
Chronique douce-amère de son expérience de prof débutant, le livre de Noam Soulat dresse le portrait d’une vingtaine d’adolescents d’un collège de ZEP, des gamins tantôt insupportables tantôt malicieux et attachants. Extraits de copies, billets écrits à la barbe de l’enseignant ponctuent un récit où alternent avec beaucoup de finesse humour décapant et émotion. En filigrane se dessine un autre portrait : celui d’un jeune enseignant, un peu gauche, un peu gaffeur et finalement pas si différent de ses élèves. Un Petit Nicolas côté salle des profs.