Et si le sport n’était qu’un nouveau ghetto pour les Noirs ? Ni résuisitoire ni plaidoyer, cet ouvrage pose habilement la question de la reconnaissance sociale des Noirs. Pour y parvenir, Mathieu Meranville s’est interrogé sur le sport comme facteur de promotion sociale. Lorsque la politique se mêle au sport (Jesse Owens lors des JO de Berlin, le Black power aux JO de Mexico), que les Noirs font des sports de Blancs (Laura Flessel, Surya Bonaly ou Lewis Hamilton) ou que l’esthétique noire finit par primer sur le résultat lui-même (Ali, Pelé, Jordan), il y a là tout une série d’exemples qui laissent forcément dubitatifs. Pour autant la force de l’ouvrage n ’est pas de jouer les moralisateurs à bon compte, encore moins de se poser en défenseur de la cause des Noirs. Faire évoluer le débat sur les ségrégations sociales, ou, pour utiliser une expression à la mode, pratiquer une forme de discrimination positive, là est l'intention de l'auteur. Et s'il n’a pas échappé à Mathieu Meranville que le déséquilibre homme blanc-homme noir n’est pas d'aujourd'hui, tous ces grands champions noirs renforcent cette idée d’altérité face à l’histoire. D'ailleurs, pour certains, on en oublierait presque la couleur de leur peau. Car ce corps noir que les champions maltraitent fut d’abord voué à une culture du travail (esclavage, colonialisme) avant d’être considéré comme un bel objet de culture sportive et d’esthétisme voire de réussite sociale… Il reste alors une question qui brûle les lèvres : et s’il n’y avait pas le sport ?