L’antisémitisme français sous l’Occupation
À partir de juillet 1940 se déchaîne un antisémitisme français en grande part endogène. Loin d’être une éruption subite, il a été préparé par des décennies de formatage des esprits, en particulier dans les années de l’immédiat avant-guerre quand se banalise un discours de haine alors qu’une nouvelle guerre européenne menace à l’horizon. De Bucard à Doriot en politique. Jusqu’à Louis-Ferdinand Céline en littérature, sans doute le meilleur représentant sur trois générations d’un itinéraire français travaillé par une modernité urbaine, brutale, anxiogène, la hantise du déclin et le massacre de la Grande Guerre. Ce volume entend montrer les réseaux et les hommes qui vont pousser l’ansémitisme français à se faire le fourrier des exterminateurs allemands. De Darquier à l’officier Paul Sézille, premier responsable de l’IEQJ, de Paul Riche à Rebatet. Il montre la capillarité culturelle de l’antisémitisme, ce code social, cette lutte de classes dévoyée, comme il interroge les thèmes majeurs de sa propagande. Marginale ou lame de fond : l’antisémitisme français sous l’Occupation montre la force des passions collectives quand la peur, nourd’un imaginaire chrétien progressivement laïcisé, mêlée à la hantise du déclassement, ouvre la route de la violence. Le plus souvent par le biais d’une lente accoutumance à une mise à l’écart qui conforte le groupe et fait de chacun ce que Péguy nommait une « âme habituée ».