L'objet de ce numéro est l'analyse des multiples sources dont Hitler s'est servi pour rédiger Mein Kampf, dont le premier volume est paru en 1925. D'où viennent ses idées principales ? Quelles furent les étapes marquantes de sa formation idéologique ? Quels textes Hitler a-t-il lus à vienne avant 1913 et à Munich après 1919 ? Quels auteurs, en particulier, ont manifestement nourri sa pensée ? Quelles sont, parmi eux, les sources d'inspiration majeures, surestimées ou secondaires ? Si l'on sait bien aujourd'hui que Mein Kampf ne constitue en rien une oeuvre originale et que ce texte amalgame, souvent de façon confuse, nombre d'idées répandues à l'époque, encore faut-il répertorier ces influences. Leur dénominateur commun est l'antisémitisme. Et ses principaux inspirateurs sont des auteurs völkisch (Paul de Lagarde, Therodor Fritsch, Houston Stewart Chamberlain), des pangermanistes (George Ritter von Schönerer, Heinrich Claß), des penseurs ésotériques (Jörg Lanz von Liebenfels, Guido von List), des eugénistes et adeptes de l'hygiène raciale (Baur, Fischer, Lenz). On compte également des philosophes, des économistes, le musicien Richard Wagner, le maire de Vienne, Karl Lueger, et de fervents antibolcheviques tels Dietrich Eckart et Alfred Rosenberg. Enfin, on repère l'empreinte de quelques textes tels les Protocoles des Sages de Sion ou le pamphlet de Henry Ford, Le Juif international. Resituées dans leur contexte, ces influences montrent que Mein Kampf fut le produit d'une certaine histoire intellectuelle européenne - et internationale. Parmi la quinzaine de contributions, on relèvera l'apport de deux historiens allemands qui ont travaillé à la récente édition critique de Mein Kampf (conçue par l'institut d'histoire contemporaine de Munich et parue en janvier 2016 en Allemagne), ainsi que le témoignage du traducteur de la prochaine traduction française de l'ouvrage.