« Reviennent alors la rudesse de ces jours, la cruelle répression, les licenciements, la prison, et ce chef, le congédiant, d’une joie mauvaise […] : “Moi vivant, t’auras plus de boulot !” Il revoyait Simone, lui et leur bébé, brutalement expulsés du logement des Mines, empilant leurs biens dans une charrette à bras, et traversant la cité dans cet équipage, puis errant du logis d’un ami à celui d’un parent ; il repensait à la “Bataille du charbon” gagnée grâce à eux, les ouvriers, il repensait à leur Résistance, ainsi gratifiée. Plus Georges fouillait dans ses papiers, plus il les rassemblait, les relisait, plus le courroux d’alors lui revenait, intact, comme au jour de son arrestation, et plus il y pensait, plus il se disait que, décidément, il lui était impossible d’en rester là. »
LE RÉCIT D’UNE INJUSTICE.
Plus noir dans la nuit relate une page oubliée de l’épopée des mineurs : la grande grève de 1948, la répression brutale qui suivit. Six morts, deux mille arrestations, autant de condamnations à la prison et des centaines de vies brisées. Norbert, Colette, Jeanne et les autres, qui ont vécu ces grandes heures de la mythologie ouvrière, racontent ici un monde à jamais englouti, un monde terrible et fraternel, et leur fureur d’en avoir été exclus.