Moisson d’or décortique la controverse née de cette photographie. On s’efforça de montrer qu’il ne s’agissait ni du camp de Treblinka ni de glaneurs, afin de faire oublier son unique sujet : la collusion de la population polonaise dans le pillage et la tuerie des Juifs à la périphérie de la Shoah.
Ce livre suscita dans son pays de nombreuses polémiques car il ne soulève pas seulement un problème moral, il met en lumière, sans aucune complaisance, une face peu explorée du génocide : le profit tiré du pillage des biens juifs par des millions de familles d’Europe, essentiellement allemandes. Le génocide fut une entreprise lucrative, depuis l’appartement jusqu’aux meubles, depuis la literie jusqu’aux livres voire aux ustensiles de cuisine : tout fut volé.
Enfin, l’ouvrage met au premier plan les questions de mémoire. On ne peut plus cantonner la destruction des Juifs d’Europe à une clique de voyous. En Pologne, une majorité de la population, si elle n’a pas forcément prêté main forte au crime, s’en est réjouie et en a économiquement profité.
Exemplaire par sa méthodologie et la clarté de son écriture, Moisson d’or est un livre profond et salutaire qui dément l’idée trop répandue que tout a été dit.