Philippe Brunel, trente-cinq ans, est l'une des meilleures plumes de la presse sportive en France. Après une carrière d'amateur ; il se qualifie plutôt de « dilettante » ; au Velo Club du 12, il est devenu journaliste à L'Equipe, puis grand reporter à L'Equipe Magazine. Spécialiste de cyclisme, il suit toutes les courses importantes depuis quinze ans Philippe Brunel a obtenu le Prix Pierre Chany, attribué à l'auteur du meilleur article de langue française sur le cyclisme.
Le cyclisme n'est pas un sport comme les autres. C'est un théâtre d'ombres, un opéra, une comédie humaine sans cesse renouvelée, qui nous aura livré son lot d'incertitudes et de surprises, ses drames et ses révoltes. L'intelligence y trouve parfois son compte. On attendait Moreno Argentin à San Remo, et c'est Kelly qui surgit, tel un beau diable de sa boîte, dans la descente viroleuse du Poggio ; on désespérait de voir un Français s'imposer sur le pavé des Flandres, et c'est Jacky Durand, quasiment inconnu, qui vient gagner le « Ronde » au nez des routiers belges. Une semaine plus tard, Gilbert Duclos-Lassalle s'adjuge enfin Paris-Roubaix, la course de ses rêves, alors qu'on le croyait verse dans un lent crépuscule. Dans le même temps, la nouvelle génération est montée au créneau, représentée par Giorgio Furlan qui s'annonce en Italie comme l'un des fers de lance de la relance. Pascal Lino, Richard Virenque, Gilles Delion et Laurent Jalabert symbolisent, quant à eux, le renouveau français, tandis que Miguel Indurain a pris la place de Gianni Bugno au faîte de la hiérarchie mondiale. L'Espagnol a réalisé le double Giro-Tour, en écrasant ses rivaux dans les contre-la-montre à la manière de Jacques Anquetil. Sa supériorité athlétique le plaçait à l'abri d'une quelconque déconvenue, mais il aura parfois subi la fougue de Claudio Chiappucci, auteur d'un exploit historique en direction de Sestrières. Les deux hommes ont dominé le Tour de France, marque par l'écroulement de Greg LeMond et la faillite de Luc Leblanc, le premier gagne par la déprime, le second miné par les sourdes polémiques nées de sa victoire au championnat de France. Pour sa part, Gianni Bugno ne fut que l'ombre de lui-même, avant d'être à nouveau sacré champion du monde à Benidorm, à l'issue d'une course calamiteuse pour Laurent Jalabert. L'Année du cyclisme nous restitue, par le texte et par l'image, toutes les péripéties de cette saison pleine et intense, jamais banale, revigorante pour notre cyclisme national au bord d'un précipice financier. Situation paradoxale, car le Tour ne cesse d'accroître son audience, via le canal de la télévision. A brève échéance, il pourrait se courir par équipes nationales. Dans l'immédiat, ce n'est qu'un songe, un de plus, dans le flux d'une saison douloureuse pour la reine Longo, défaite sur son propre terrain. Les vieilles légendes ont la vie rude.
Le cyclisme n'est pas un sport comme les autres. C'est un théâtre d'ombres, un opéra, une comédie humaine sans cesse renouvelée, qui nous aura livré son lot d'incertitudes et de surprises, ses drames et ses révoltes. L'intelligence y trouve parfois son compte. On attendait Moreno Argentin à San Remo, et c'est Kelly qui surgit, tel un beau diable de sa boîte, dans la descente viroleuse du Poggio ; on désespérait de voir un Français s'imposer sur le pavé des Flandres, et c'est Jacky Durand, quasiment inconnu, qui vient gagner le « Ronde » au nez des routiers belges. Une semaine plus tard, Gilbert Duclos-Lassalle s'adjuge enfin Paris-Roubaix, la course de ses rêves, alors qu'on le croyait verse dans un lent crépuscule. Dans le même temps, la nouvelle génération est montée au créneau, représentée par Giorgio Furlan qui s'annonce en Italie comme l'un des fers de lance de la relance. Pascal Lino, Richard Virenque, Gilles Delion et Laurent Jalabert symbolisent, quant à eux, le renouveau français, tandis que Miguel Indurain a pris la place de Gianni Bugno au faîte de la hiérarchie mondiale. L'Espagnol a réalisé le double Giro-Tour, en écrasant ses rivaux dans les contre-la-montre à la manière de Jacques Anquetil. Sa supériorité athlétique le plaçait à l'abri d'une quelconque déconvenue, mais il aura parfois subi la fougue de Claudio Chiappucci, auteur d'un exploit historique en direction de Sestrières. Les deux hommes ont dominé le Tour de France, marque par l'écroulement de Greg LeMond et la faillite de Luc Leblanc, le premier gagne par la déprime, le second miné par les sourdes polémiques nées de sa victoire au championnat de France. Pour sa part, Gianni Bugno ne fut que l'ombre de lui-même, avant d'être à nouveau sacré champion du monde à Benidorm, à l'issue d'une course calamiteuse pour Laurent Jalabert. L'Année du cyclisme nous restitue, par le texte et par l'image, toutes les péripéties de cette saison pleine et intense, jamais banale, revigorante pour notre cyclisme national au bord d'un précipice financier. Situation paradoxale, car le Tour ne cesse d'accroître son audience, via le canal de la télévision. A brève échéance, il pourrait se courir par équipes nationales. Dans l'immédiat, ce n'est qu'un songe, un de plus, dans le flux d'une saison douloureuse pour la reine Longo, défaite sur son propre terrain. Les vieilles légendes ont la vie rude.