Depuis l'effondrement de l'Empire soviétique, et singulièrement depuis l'élection de George W. Bush, les Etats-Unis ont adopté vis à vis du reste du monde une posture qui se veut ouvertement impériale, pour ne pas dire impérialiste. Michael Mann passe en revue les ressources économiques, morales, politiques, militaires et idéologiques qui fondent cette prétention, et parvient à la conclusion qu'elles sont insuffisantes ou inadéquates. L'Amérique, nous dit-il, n'a tout simplement pas les moyens de ses ambitions. Cet « empire incohérent, hyper- puissant mais dépourvu d'autorité », comme le décrit Michael Mann, est condamné à créer par son interventionnisme brouillon un monde plus dangereux et non pas plus pacifique que celui que nous connaissons. Empêché de déchaîner toute sa force destructrice pour anéantir l'ennemi et reconstruire un monde à son image, ce qui de tout temps a caractérisé les empires, l'Amérique ne peut qu'exacerber les haines et la violence. Comme « tout ce qui ne tue pas renforce », comme le soulignait Nietzsche, le terrorisme, cette arme des faibles, ne peut que proliférer, ainsi d'ailleurs que les armes de destruction massive. Michael Mann plaide, en conclusion, pour que les Etats-Unis adoptent une vision multi-latérale du monde et pour un retour à des valeurs moins idéologiques et plus réalistes.